Bien que la façon dont nous considérons et soutenons les personnes ayant des difficultés de santé mentale se soit améliorée au fil des ans, des expériences telles que le fait d’entendre des voix et de voir des visions sont souvent encore associées à une « maladie mentale grave et durable ». Mais ce qui est moins connu au sujet de ces voix et visions, c’est qu’elles sont étonnamment courantes – surtout en grandissant.
On pense qu’environ 8 % des jeunes entendent des voix à un moment donné de leur enfance, et que jusqu’à 75 % d’entre eux ont une expérience unique d’audition de voix. Cela rend l’audition de voix à peu près aussi courante chez les jeunes que l’asthme ou la dyslexie. Pour de nombreux enfants, il semble donc que le fait d’entendre des voix soit une partie assez normale de la croissance.
Les recherches montrent que l’expérience d’entendre des voix que les autres ne peuvent pas entendre – également appelée hallucinations auditives verbales en termes psychiatriques traditionnels – n’est généralement pas bouleversante pour de nombreux enfants. L’expérience d’entendre des voix n’a pas non plus tendance à durer trop longtemps – ce qui signifie qu’elle peut souvent être quelque chose dont les enfants se débarrassent ou qu’ils surmontent avec le temps.
Néanmoins, pour certains jeunes, l’expérience peut se poursuivre pendant de nombreuses années et causer de la confusion et de la détresse – non seulement pour le jeune mais aussi pour la famille dans son ensemble.
Apprendre des jeunes
Par rapport aux adultes qui entendent des voix, relativement peu de recherches ou d’analyses ont été menées auprès des jeunes qui entendent des voix. Par conséquent, nous ne savons pas vraiment comment les jeunes donnent un sens à ces expériences ou comment ils pourraient chercher de l’aide.
C’est l’une des principales raisons pour lesquelles nous avons récemment mis en place l’étude Young Voices. Au cours des derniers mois, nous avons travaillé avec des jeunes et leurs familles pour explorer leurs points de vue sur ce que c’est réellement d’entendre des voix dans l’enfance et comment les parents peuvent soutenir leurs enfants à travers ces expériences.
En plus de parler avec des jeunes et leurs parents ou tuteurs dans le nord-ouest de l’Angleterre, nous avons également développé deux enquêtes en ligne accessibles à l’échelle internationale – une pour les jeunes qui entendent des voix et une pour leurs parents ou tuteurs.
Bien que nous soyons à un stade précoce de la recherche, les histoires que nous avons entendues jusqu’à présent ont offert des aperçus utiles de la complexité de ces expériences.
Les jeunes et leurs parents ont décrit un énorme éventail d’expériences. Certains jeunes ont expliqué comment leur voix peut être un soutien, mais aussi une intrusion et une détresse. Nous avons également entendu parler d’une série de facteurs qui rendent les voix utiles, réconfortantes ou problématiques, ainsi que des idées des jeunes sur le soutien qui serait utile pour d’autres personnes vivant la même chose.
Derrière l’étiquette
Les recherches menées auprès des adolescents qui entendent des voix suggèrent que la façon dont les jeunes donnent un sens à leurs voix joue un rôle crucial dans la détresse associée. Ainsi, une personne qui considère le fait d’entendre des voix comme un signe de « folie », ou comme un pouvoir incontrôlable qui peut la forcer à prendre des mesures contre sa volonté, est susceptible de ressentir une détresse considérable. En tant que telle, elle peut essayer de « contrôler » ces expériences en s’automutilant ou en consommant des substances – deux méthodes qui ne sont pas utiles à long terme.
Mais si les gens peuvent adopter une vision « curieuse » et « acceptante » de leur voix, de nombreux jeunes trouvent que leur voix peut devenir une source de soutien utile pour aider à surmonter d’autres difficultés de la vie. Comme l’a dit l’un de nos participants :
m’aider avec les problèmes que j’ai et m’ont en fait aidé à l’école aussi .
Nos premières données soulignent également l’importance des réactions des familles à l’expérience d’entendre des voix. En effet, la réaction des parents est susceptible d’influencer la façon dont les jeunes ressentent leur voix.
Par exemple, un jeune qui a répondu à notre enquête en ligne a expliqué comment les réactions des adultes qui l’entourent l’ont non seulement bouleversé et inquiété, mais ont également déstabilisé les voix. Il a dit :
Personne ne me croirait et cela les effraierait .
Et ce sont des informations comme celle-ci qui peuvent nous aider à comprendre les différentes couches de ces expériences. Ces histoires peuvent également nous aider, en tant que chercheurs et cliniciens, à mieux comprendre les facteurs qui peuvent conduire certains enfants à avoir peur ou à être angoissés lorsqu’ils sont confrontés à des expériences qui ne sont pas facilement discutées ou acceptées.
L’audition des besoins et des difficultés
Ces histoires personnelles de jeunes et de leurs familles offrent également une occasion unique d’explorer les façons extraordinaires dont les enfants font face aux défis.
La recherche a montré que l’audition des voix peut commencer pour une série de raisons, notamment après une opération ou une fièvre aiguë – ou en réponse à une détresse émotionnelle. L’audition de voix peut également être déclenchée par des traumatismes, tels que l’intimidation, la solitude, la perte d’un être cher, les abus ou la négligence.
Notre recherche s’appuie sur ces éléments et montre que si entendre des voix peut être une source d’inquiétude, cela peut aussi être une stratégie d’adaptation précieuse pour certains enfants. En effet, l’un de nos participants a souligné que ses voix sont « en fait plutôt cool ».
Nous espérons également que notre recherche contribuera à accroître la sensibilisation et à réduire la stigmatisation sociale autour de ces expériences. Cela signifie que les jeunes qui entendent des voix peuvent être mieux soutenus et également encouragés à parler de leurs expériences plus librement et sans crainte ou honte.
Si vous souhaitez obtenir de plus amples informations, veuillez envoyer un courriel à : [email protected]
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