Utilisations du radium

Après la célébrité, le temps de l’oubli

Comment promouvoir une eau minérale célèbre !
Les roches rgranitiques du Massif central en France sont légèrement radioactives. A l’époque de la médiatisation du radium, une célèbre station thermale a mis en avant cette radioactivité comme moyen de promotion. Mais ce ne serait pas le cas aujourd’hui. En effet, l’exposition à la radioactivité due à la présence des descendants de l’uranium dans les roches n’entraîne aucun problème de santé, même dans les régions granitiques comme le Massif central. Les curistes peuvent donc boire l’eau de ces sources sans s’en inquiéter.
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Si l’utilisation de ce métal est aujourd’hui oubliée, la découverte du radium fit sensation. Le nouvel élément, rare et cher, brillait spontanément et émettait une quantité énorme de rayonnement et d’énergie : 1,4 million de fois celle de l’uranium découvert par Becquerel. C’était l’élément le plus radioactif que l’on pouvait voir et peser.

Les réveils de Bayard dans les années 1950
L’une des premières utilisations du radium fut de rendre lumineux les chiffres des cadrans des horloges, réveils et boussoles. Des traces de radium étaient ajoutées à une suspension de sulfure de zinc, provoquant la luminescence de la peinture. En 1949, au moment de cette publicité pour les réveils Bayard, cela faisait de nombreuses années que des précautions de radioprotection avaient été prises pour la peinture des cadrans.
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Les rayons alpha émanant du radium allaient devenir un outil étonnant dans l’exploration de la structure microscopique de la matière, conduisant à la découverte du noyau atomique.
Les applications médicales ont commencé dès la fin de 1901. Un nouveau domaine est créé pour regrouper toutes les applications thérapeutiques où le radium est présent : la curiethérapie ou radium thérapie.
Les besoins de la médecine de l’époque conduisent à la production de choses très diverses mettant en perspective de très petites quantités de radium. Il s’agissait d’aiguilles et de tubes ou encore d’applicateurs contenant du radium. Entre 1910 et 1930, ceux-ci étaient stockés dans les hôpitaux et les cabinets médicaux. Les aiguilles et les tubes de radium qui étaient rigides sont aujourd’hui remplacés par des fils souples d’iridium-192.

A la fin de la guerre de 1914-1918, la demande est si importante que le produit devient rare et très cher, ce qui suscite l’intérêt des industriels pour un élément dont un gramme atteint le prix d’une bonne maison à Paris. Une société belge, l’Union Minière du Haut Katanga, développe la production de radium à partir d’uranium riche. C’est un reliquat de stock d’uranium de cette Union Minière, caché au Maroc pendant la Seconde Guerre mondiale par Frédéric Joliot, qui permit à la France en 1948 de disposer de l’uranium nécessaire au démarrage de Zoé, la première pile atomique française.
La manie du radium augmenta la demande, mais la seule utilisation industrielle sérieuse sera pour les montres luminescentes et les tableaux de réveils qui perdurèrent jusque dans les années 1960. Bien que ces peintures contenant des traces de radium aient été abandonnées depuis longtemps, des contrôles radiologiques devaient encore être mis en place dans les anciennes usines horlogères (Bayard, Lip et Jazz), qui devaient parfois subir une décontamination.

Aiguilles au radium
Aiguilles au radium à usage médical. Le radium est à l’origine des premières utilisations de sources radioactives à des fins thérapeutiques. Les aiguilles de radium, qui étaient rigides, sont aujourd’hui remplacées par des fils souples contenant de l’iridium-192. Les sources radioactives sont utilisées sous forme de tubes ou de fils introduits dans des cavités naturelles ou implantés dans les tissus. La curiethérapie reste aujourd’hui le traitement privilégié du cancer de l’utérus, un cancer fréquent et grave.
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Aux Etats-Unis, les employés victimes de cancers à la suite du léchage des pinceaux utilisés pour peindre les aiguilles des réveils sont sortis de l’oubli grâce à la publication d’un livre émouvant en 1999 (« Deadly glow : the radium dial worker tragedy » par R. Mullner). Il était difficile d’établir un lien entre les maladies observées et un produit miracle tant vanté pour ses bienfaits, mais une fois le lien établi, des arguments juridiques ont retardé les mesures nécessaires. Un grand physicien, Glen Seaborg, n’avait pas oublié cette tragédie en 1944, lorsqu’il imposa les premières règles de radioprotection au début du projet Manhattan.
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