par David Clayton , The Conversation
Le jeûne intermittent est une façon de perdre du poids qui privilégie la flexibilité au comptage des calories. Il restreint le temps pendant lequel vous êtes autorisé à manger, ce qui réduit l’apport calorique en limitant les occasions de manger. C’est du moins la théorie.
Une version populaire du jeûne intermittent est le régime 5:2, qui consiste à suivre un régime très hypocalorique (environ un quart de l’apport calorique habituel) pendant deux jours par semaine et à manger sans restriction les cinq autres jours. Cette approche a donné de bons résultats pour certaines personnes, mais pas pour tout le monde. Dans notre dernière étude, nous avons découvert que les gens trichent sur leur régime de jeûne intermittent, sans s’en rendre compte.
Conduite sur trois jours, l’étude visait à savoir comment l’alimentation et l’activité physique changeaient autour d’une période de restriction calorique.
Un groupe de participants masculins a effectué deux essais. Le premier jour de l’essai, on leur a dit qu’ils suivraient un régime très faible en calories (environ 700 calories) le lendemain. Pendant tout le reste de la journée, nous avons suivi la quantité de nourriture que les participants mangeaient et nous avons évalué leur faim avant et après chaque repas. Leur activité physique a également été suivie tout au long de la journée.
Le lendemain, les participants ont suivi le régime très hypocalorique et nous avons surveillé leur activité physique. Le matin après avoir terminé la journée de régime hypocalorique, nous avons mesuré leur consommation alimentaire lors d’un petit-déjeuner sans restriction et évalué leur faim avant et après le repas.
Chaque participant a également effectué un essai témoin qui suivait la même méthode. Au cours de l’essai témoin, les participants ont mangé un régime alimentaire typique (environ 2 800 calories) au lieu d’un régime très hypocalorique.
Nous avons constaté que les participants ont mangé 6 % de plus le premier jour de l’étude et 14 % de plus au petit-déjeuner sans restriction lors de l’essai de régime hypocalorique. Ceci en dépit du fait que les niveaux de faim avant et après chaque repas étaient similaires à ceux de l’essai témoin. Cela suggère que les participants ont mangé plus parce qu’ils savaient que l’apport alimentaire serait restreint le jour suivant, plutôt que parce qu’ils se sentaient plus affamés.
L’activité physique était également inférieure de 11% le jour précédant la consommation du régime hypocalorique, et de 18% pendant la consommation du régime hypocalorique.
Il est intéressant de noter que l’activité physique de faible intensité, comme la vaisselle, qui tend à être un comportement spontané plutôt que des activités consciemment planifiées, était la composante de l’activité physique la plus affectée. Nous avons constaté que des changements dans le comportement alimentaire et l’activité physique se produisent avant, pendant et après une journée de régime hypocalorique. Ces changements de comportement réduisent la probabilité que le jeûne intermittent entraîne une perte de poids.
Pour qu’un régime conduise à une perte de poids, les calories brûlées doivent dépasser les calories consommées pour produire un déficit calorique. Les régimes de jeûne intermittent supposent que l’important déficit calorique produit par le jeûne ou le régime très hypocalorique n’est pas récupéré pendant la période sans restriction, le déficit calorique est donc préservé. Mais notre étude montre que le fait de manger un peu plus et de réduire l’activité physique spontanée peut suffire à récupérer près de la moitié de ce déficit calorique. Le déficit calorique peut également être réduit davantage lors des repas suivants après une journée de régime très hypocalorique.
Mérite du sacrifice ?
Des études antérieures confirment nos résultats. Il a été démontré que le fait de sauter le petit-déjeuner pendant six semaines réduisait l’activité physique et augmentait l’apport calorique lors des repas ultérieurs. Cela a été suffisant pour compenser entièrement les calories sautées au petit-déjeuner. Cela soulève la question suivante : le jeûne ou la restriction calorique sévère valent-ils le sacrifice ?
La perte de poids de tout régime est toujours susceptible d’être plus faible que prévu. Les mécanismes compensatoires se défendent contre un déficit calorique bien plus fortement qu’un surplus calorique. Dans les études scientifiques sur le jeûne intermittent, les participants sont souvent guidés par un diététicien sur la quantité de calories qu’ils doivent consommer les jours sans restriction. Même avec ce soutien, les participants à ces études perdent toujours moins de poids que ce qui serait attendu si le déficit calorique avait été entièrement préservé.
Notre étude met en évidence quels comportements compensatoires se produisent et à quel moment. Ces informations peuvent être utilisées pour améliorer l’efficacité des régimes de jeûne intermittent. Être plus attentif quand on mange avant et après une période de restriction calorique et intégrer l’exercice dans les plans de régime, pourrait aider à augmenter la probabilité que le jeûne intermittent conduise à une perte de poids.
Le jeûne intermittent n’est pas un régime miracle, mais certaines personnes peuvent bénéficier de sa flexibilité, et avec quelques ajustements mineurs, il pourrait être encore plus efficace.
Si vous souhaitez participer à notre prochaine étude, explorant les habitudes d’exercice et de nutrition avant et pendant le jeûne intermittent, veuillez cliquer sur ce lien. Vous devez être âgé de 18 ans ou plus et avoir pratiqué une activité physique régulière avant le lockdown.
Fourni par The Conversation
Cet article est republié de The Conversation sous une licence Creative Commons. Lire l’article original.
Les régimes à jeun sont-ils efficaces et sûrs pour perdre du poids ?
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