Saint Paul Miki, SJ (1564?-1597)

Par Bert Ghezzi

Dans la Voix des Saints

Le christianisme s’est répandu comme une traînée de poudre dans le Japon du XVIe siècle. Dans les années 1580, moins de quarante ans après que François Xavier ait introduit la foi, l’église comptait deux cent mille convertis. Cette croissance s’est faite malgré l’opposition des prêtres bouddhistes et de nombreux petits souverains. Cependant, en 1587, l’empereur Hideyoshi a ordonné le bannissement de tous les catholiques, obligeant les missionnaires jésuites à opérer dans la clandestinité. Mais la persécution pure et simple n’a pas éclaté avant la fin de l’année 1596, lorsque Hideyoshi a rassemblé vingt-six jésuites, franciscains et laïcs et s’est préparé à les martyriser.

Parmi les victimes se trouvait saint Paul Miki, un novice jésuite qui venait de terminer onze ans de formation. La famille noble de Paul s’est convertie lorsqu’il était enfant et à l’âge de cinq ans, il a été baptisé. Éduqué par les jésuites, le jeune surdoué a rejoint leur noviciat à l’âge de vingt-deux ans. Il avait étudié intensivement les enseignements des bouddhistes afin de pouvoir débattre avec leurs prêtres. Il se réjouissait de sa chance d’être martyr, mais souhaitait peut-être un peu qu’elle soit retardée assez longtemps pour qu’il puisse être ordonné prêtre.

Hideyoshi fit couper l’oreille gauche des vingt-six martyrs en signe d’irrespect et les fit défiler dans Kyoto. Vêtu de sa simple soutane noire, Paul se distinguait parmi eux. La plupart des badauds ont réalisé que ce noble jeune homme aurait pu porter le costume du samouraï avec deux épées à la ceinture. Toute cette démonstration a eu l’effet inattendu de susciter la compassion de la foule, dont certains se sont convertis par la suite.

Les martyrs ont ensuite été emmenés à Nagasaki. Ils étaient attachés à des croix, le cou maintenu en place par des anneaux de fer. A côté de chacun d’eux se trouvait un bourreau avec sa lance prête à frapper. Un témoin oculaire a donné ce récit :

Lorsque les croix ont été dressées, c’était une chose merveilleuse de voir la constance de tous. Notre frère Paul Miki, se voyant élevé à la position la plus honorable qu’il ait jamais occupée, proclama ouvertement qu’il était un Japonais et un membre de la Compagnie de Jésus. Et qu’il était mis à mort pour avoir prêché l’évangile. Il a rendu grâce à Dieu pour une si précieuse faveur.

Il a ensuite ajouté ces mots : « Arrivé à ce moment de mon existence, je crois qu’aucun d’entre vous ne pense que je veuille cacher la vérité. C’est pourquoi je vous déclare qu’il n’y a pas d’autre voie de salut que celle suivie par les chrétiens. Puisque cette voie m’apprend à pardonner à mes ennemis et à tous ceux qui m’ont offensé, je pardonne volontiers au roi et à tous ceux qui ont voulu ma mort. Et je prie pour qu’ils obtiennent le désir du baptême chrétien. »

À ce moment, il tourna les yeux vers ses compagnons et commença à les encourager dans leur ultime combat. Les visages de tous ces gens brillaient d’une grande allégresse. Un autre chrétien lui cria qu’il serait bientôt au paradis. « Comme mon Maître, murmura Paul, je mourrai sur la croix. Comme lui, une lance transpercera mon cœur afin que mon sang et mon amour puissent se répandre sur la terre et la sanctifier à son nom. »

Alors qu’ils attendaient la mort, tout le groupe chantait le cantique de Zachary (voir Luc 1:67-79). Les bourreaux se tenaient respectueusement à l’écart jusqu’à ce qu’ils aient entonné le dernier verset. Puis, à un signal donné, ils enfonçaient leurs lances dans les flancs des victimes. Ce jour-là, le 5 février 1597, l’église du Japon a accueilli ses premiers martyrs.

Extrait de Voices of the Saints de Bert Ghezzi.

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