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La maladie de Lyme est une infection bactérienne transmise par les tiques qui est bien établie en Amérique du Nord. Elle est peu fréquente dans la plupart des régions du Canada, mais son incidence et son étendue géographique augmentent. Le diagnostic précis de la maladie de Lyme est essentiel pour s’assurer que les patients qui en sont vraiment atteints reçoivent les antibiotiques appropriés. De plus, un diagnostic précis permet de s’assurer que les patients présentant des symptômes non spécifiques ne se font pas dire à tort qu’ils ont la maladie de Lyme. Dans leur récent article pratique1, Andany et ses collègues évoquent un scénario clinique dans lequel un Canadien a demandé un test de dépistage de la maladie de Lyme à un laboratoire commercial aux États-Unis. Le test a donné un résultat positif qui était en contradiction avec les tests sérologiques effectués par un laboratoire de santé publique.1

Ce scénario de patient illustre pour les lecteurs que les laboratoires spécialisés américains ne devraient pas être considérés comme fournissant un test plus sensible pour le diagnostic de la maladie de Lyme que leurs homologues de la santé publique. Des recherches récentes ont documenté un taux élevé de résultats faux-positifs avec une valeur prédictive positive extrêmement faible dans certains laboratoires spécialisés2. Les erreurs de diagnostic peuvent priver les patients d’un traitement spécifique à la véritable cause de leurs symptômes et entraîner un traitement prolongé pour une affection dont ils ne sont pas atteints.

Les méthodes de diagnostic de l’infection par Borrelia burgdorferi, l’organisme responsable de la maladie de Lyme, n’ont cessé de s’améliorer depuis la découverte du microbe en 1982.3 La méthode implique l’utilisation d’espèces européennes de Borrelia et d’antigènes flagellaires dans la sérologie de dépistage pour améliorer la sensibilité ou la valeur prédictive négative, et des tests de confirmation par Western blot pour augmenter la spécificité et la valeur prédictive positive du test.4,5 Certains groupes de défense de la maladie de Lyme estiment que les critères des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) utilisés pour le diagnostic sérologique de la maladie de Lyme sont inadéquats et recommandent d’autres normes d’interprétation.6 Cependant, une étude récente menée par Fallon et ses collègues2 a évalué de manière formelle le fonctionnement des algorithmes de test actuels dans deux groupes de patients et plusieurs types de laboratoires aux États-Unis. Les résultats confirment les conclusions précédentes du CDC7 et mettent en évidence deux leçons importantes pour les médecins et les consommateurs.

Dans une cohorte bien définie de patients présentant des symptômes post-traitement de la maladie de Lyme, les tests effectués dans un laboratoire universitaire ou commercial utilisant des critères CDC bien définis pour le diagnostic sérologique de la maladie de Lyme étaient aussi sensibles que les tests effectués dans des laboratoires spécialisés dans les tests de Lyme. Cela restait vrai même lorsque les laboratoires spécialisés utilisaient des critères internes pour « augmenter » la sensibilité de leurs tests Western blot. Par conséquent, on ne peut pas considérer que ces laboratoires sont plus aptes à détecter les infections manquées par les critères standard des CDC.

En outre, 40 patients sans maladie de Lyme ont été inclus dans l’étude comme groupe témoin négatif. L’inclusion de l’immunoglobuline M dans l’interprétation des échantillons de Western blot du groupe témoin a conduit à des résultats faussement positifs dans trois des quatre laboratoires étudiés (un taux de 2,5 % à 25 %). Un laboratoire spécialisé utilisant des critères internes (immunoglobulines G ou M) a obtenu des résultats faussement positifs dans 57% des échantillons du groupe témoin négatif.

L’étude de Fallon et de ses collègues dissipe davantage le mythe selon lequel les laboratoires spécialisés américains fournissent un test plus sensible pour le diagnostic de la maladie de Lyme, et documente un taux élevé de résultats faussement positifs avec des valeurs prédictives positives médiocres dans certains laboratoires spécialisés. Par conséquent, les patients et les médecins doivent faire preuve de prudence lorsqu’ils choisissent un laboratoire de référence aux États-Unis pour obtenir une sérologie de  » seconde opinion  » après avoir reçu un résultat négatif au Canada. Les laboratoires qui utilisent les algorithmes de test standard à deux niveaux des CDC doivent être préférés à ceux qui rapportent des résultats basés sur des critères internes non prouvés et non validés. Tout résultat positif d’un test qui repose uniquement sur le Western blotting est très probablement un faux positif.

Les patients présentant des symptômes subjectifs chroniques sans diagnostic peuvent être vulnérables et désespérément à la recherche d’une réponse quant à la cause de leur maladie. Leur donner un faux diagnostic basé sur des tests défectueux est trompeur. Une thérapie inappropriée basée sur de tels résultats entraîne des conséquences économiques, psychologiques et physiques négatives8.-10 Ces patients méritent plutôt une évaluation complète et précise pour détecter les maladies pour lesquelles des interventions appropriées peuvent être appliquées et, quel que soit leur diagnostic, des soutiens pour améliorer leur qualité de vie et celle de leur famille.

Points clés

  • Le diagnostic sérologique de la maladie de Lyme au Canada est mieux fait en utilisant des protocoles de laboratoire standard tels que mis en œuvre par le Laboratoire national de microbiologie du Canada en utilisant les critères recommandés par les Centers for Disease Control and Prevention.

  • Des preuves récentes suggèrent que les tests standard et les algorithmes de test utilisés au Canada sont aussi sensibles que ceux utilisés dans les laboratoires spécialisés américains pour détecter l’infection par Borrelia burgdoferi.

  • Les tests de laboratoire spécialisés ont un taux élevé de résultats faussement positifs en raison de leur utilisation de critères d’interprétation non fondés sur des preuves, en particulier lorsque les résultats reposent uniquement sur l’analyse Western blot.

  • La plupart des Canadiens à qui l’on dit qu’ils ont la maladie de Lyme en se basant uniquement sur les résultats de laboratoire spécialisé ont généralement d’autres causes pour leurs symptômes.

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