Paris : Rue par rue – La Rue Mouffetard (1ère partie)

Paris est un voyage dans le temps visuel. Avec ses longs boulevards et ses monuments majestueux, ses magnifiques bistros et cafés, tous apparemment inchangés depuis des centaines d’années, la ville reste l’une des destinations les plus recherchées dans le monde entier. Nous explorerons, rue par rue, le charmant dédale des villes les plus intrigantes d’Europe.

Par Matthew d’Abate*

La Rue Mouffetard (1ère partie)

Tous ceux qui fantasment sur l’errance dans les rues de Paris (et je sais que vous le faites) partagent des repères culturels similaires à partir des films, des photographies et des romans qui ont béatifié son sujet. Avec la popularité de Midnight in Paris de Woody Allen, et les dialogues ludiques et déambulatoires d’Ethan Hawke et Julie Delpy dans Before Sunset, le Paris de l’imagination attise un grand feu dans le cœur du voyageur romantique.

Peu d’endroits comblent l’imagination enfiévrée plus que la rue classique : La Rue Mouffetard.

Souvent négligée par les guides traditionnels de Paris, La Rue Mouffetard est une rue mince et empierrée qui s’étend sur à peine 0,37 mile, remplie à la craie de restaurants, de boutiques, de cinémas et de magasins de bric-à-brac. L’histoire enchanteresse de la rue, sa scène sociale vibrante et son esthétique cinématographique en font l’un des quartiers les plus mémorables que Paris puisse offrir.

Située dans le quartier latin de Paris, la rue elle-même est ancienne, remontant à l’époque néolithique. Ce sont les légionnaires romains eux-mêmes qui ont posé la première pierre de la rue Mouffetard, qui courait vers le sud jusqu’à la place d’Italie, et plus loin, jusqu’à Rome.

Aujourd’hui, l’entrée de la rue Mouffetard commence à l’angle de la rue Censier, pour terminer son ascension à l’animation de la place Contrescarpe. Ce qui rend la rue si resplendissante, ce sont les cafés et petits bistrots familiaux florissants, à deux pas de la rue, serrés les uns contre les autres et décorés à l’ancienne, qui la bordent sur toute sa longueur.

La rue Mouffetard est l’une des grandes places de marché en plein air du 5e arrondissement, avec son abondance d’étals débordant de délices régionaux des charcuteries – les portes et fenêtres ouvertes pour que l’observateur occasionnel puisse capter les odeurs de leurs délicieuses marchandises. N’oubliez pas les boulangeries et les chocolatiers – tous offrant les plus succulentes des friandises pour vous mettre l’eau à la bouche.

Les habitants et les touristes font leurs emplettes ici, dans la rue Mouffetard, pour leur pain et leurs repas quotidiens – et on peut facilement perdre quelques heures à faire du shopping chez un vieux disquaire, à fouiller dans les rayons de la pittoresque librairie, ou à noter l’horaire des matinées de L’épée de bois, le cinéma de quartier de la rue, caché au fond d’un charmant couloir sombre.

Juste à côté de la rue Censier, après la fontaine pluie Guy Lartigue, au bas de la pente de la rue Mouffetard, se dresse une église médiévale dite Saint-Médard.

Cet édifice gothique se dresse solennellement au bas de la rue Mouffetard. A l’intérieur, il y a une richesse d’histoire architecturale et artistique, avec des peintures de Phillipe de Champaigne et Jean-Antoine Watteau, et plusieurs voûtes à clés sculptées, dont une grande partie a échappé à la destruction pendant la Révolution française.

L’église Saint-Médard a également une histoire masochiste – c’était le foyer d’une secte religieuse appelée les Convulsionnaires de Saint-Médard. Ces convulsionnaires étaient un groupe de pèlerins religieux du 18ème siècle qui expérimentaient des convulsions comme moyen de recevoir des miracles. Ils étaient enclins aux contorsions, à l’écume violente à la bouche et à d’autres spectacles effrayants. Les habitants de Paris avaient l’habitude de se rassembler devant cette église pour voir les membres parler en langues, aboyer comme des chiens et avaler du verre et des charbons ardents jusqu’à ce qu’ils s’effondrent dans la rue. Les spectacles furent finalement interdits par le roi lui-même, qui fit marteler une déclaration sur parchemin sur la porte en bois de l’église, expliquant que « Dieu n’a pas le droit de faire des miracles en ce lieu ».

La majeure partie de la rue, ainsi que l’église controversée de Saint-Médard, échappa à la reconstruction, en raison de son emplacement situé sur l’une des rares collines importantes de Paris, la Montagne Sainte-Geneviève. Le baron Haussmann, le cerveau derrière le plan de reconstruction, a refusé de détruire toute l’architecture proche pendant son plan de développement du 19ème siècle pour moderniser Paris.

À peine dix pieds de l’autre côté de la rue, des charrettes pleines de fruits frais bordent les trottoirs étroits, leurs propriétaires cajolant les passants avec des offres d’articles à prix réduits. Chaque porte de boutique est séparée de quelques centimètres de sa voisine et les tapisseries de rideaux aux couleurs luxuriantes accrochées aux fenêtres modèlent le passé médiéval de Paris.

L’origine du nom de la « rue Mouffetard » a une histoire intéressante, sinon légèrement piquante. Le mot mouffet en français signifie littéralement « mouffette ». La rue était notoirement fréquentée par des écorcheurs d’animaux, embrumant la rue d’odeurs de pestilence provenant des peaux récemment taillées. Nous pouvons nous réjouir que ces odeurs nauséabondes aient été remplacées par celles des fromageries et des boulangeries fraîches qui bordent la rue animée. La plupart de la rue elle-même est bloquée de la circulation automobile – encore une fois, renforçant le sentiment d’intemporalité.

Monter de quelques pas la pente régulière de la rue Mouffetard, c’est marcher dans l’histoire de Paris – et comme la plupart des rues de cette ville européenne, le passé existe, côte à côte, en même temps que notre vie moderne et technologisée.

Restez à l’écoute pour la suite de Paris : Rue par rue, avec La Rue Mouffetard (2ème partie), à venir prochainement

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