Les Misérables a plusieurs nuances de sens en français. Selon les traducteurs, le roman de Victor Hugo, publié en 1862, pourrait tout aussi bien s’intituler Les misérables, Les parias, Les pauvres misérables, Les victimes ou Les dépossédés.
Mais avec ses adaptations musicales émotionnellement gratifiantes, Les Misérables est si fortement associé à « partition et livret entraînants », et à « quête épique de justice en France » que le titre – souvent réduit à son surnom, « Les Mis » – a perdu de son punch.
PBS délivre un coup de poing meurtrier dans sa mini-série Les Misérables sur Masterpiece, menée par les acteurs Dominic West et David Oyelowo. Les difficultés des personnages au sein de la société et la tension du jeu du chat et de la souris entre le bagnard évadé Jean Valjean et l’inspecteur Javert se déroulent sans aucune note mélodique de soulagement. Par moments, la production est plus difficile à regarder qu’un film d’horreur, que l’on frétille devant la cruauté, la pauvreté, le sang ou les sacrifices de l’intrigue.
Hugo a écrit sur son époque dans le tome de 1 500 pages des Misérables, qui se déroule entre 1815 et 1832, mais dans sa préface, il a écrit un message aux futurs lecteurs pour les âges :
« Tant que l’ignorance et la pauvreté existeront sur la terre, les livres de la nature des Misérables ne pourront manquer d’être utiles. »
Vous trouverez ci-dessous quelques personnages principaux tels que vus dans la série PBS. Alerte spoiler pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’intrigue !
Le Banni : Jean Valjean
Jean Valjean (DOMINIC WEST). Photo : Robert Viglasky (C) Lookout Point
Pour le gouvernement et la société, Jean Valjean (Dominic West ; The Wire) sera à jamais un criminel, plus craint pour ce que l’ex-taulard a pu devenir après 19 ans de travaux forcés que pour son crime originel : voler une miche de pain pour nourrir les enfants démunis de sa sœur.
Bien avant les aides comme les bons d’alimentation, les soupes populaires ou les écoles publiques, et encore moins les programmes de petit déjeuner pour les enfants, le premier délit de Jean Valjean a conduit à une peine de cinq ans, qui s’est étendue à 19 ans pour ses tentatives d’évasion.
Il devient fort au lieu d’être faible après avoir cassé des rochers et vécu dans des conditions horribles sur un bateau-prison rongé par la maladie. Mais le travail dangereux et les coups des gardiens de prison ont laissé sur son visage un collage rouge et à vif de cloques, de coupures et de cicatrices dues aux coups de soleil.
Après sa libération de la prison de Toulon, il doit porter un passeport jaune qui l’identifie comme un ancien détenu, ce qui nuit à ses chances de travailler. Même après qu’un évêque lui ait donné des moyens pour prendre un nouveau départ, il vole une pièce à un garçon. Il va bientôt réussir sous une nouvelle identité, et se consacrer à devenir un homme meilleur. Mais pour son dernier crime, il est un homme traqué. Il continue à voir le monde comme « des mensonges, de la violence et de la cruauté ».
Les pauvres misérables : Fantine
Épisode 2. De gauche à droite : Javert (DAVID OYELOWO) et Jean Valjean (DOMINIC WEST) sous le nom d’emprunt de Monsieur Madeleine se disputent sur le sort d’une Fantine (LILY COLLINS) malade. Photo : Laurence Cendrowicz
(C) Lookout Point
Belle, naïve et illettrée, Fantine (Lily Collins) n’a jamais connu de famille et a grandi dans la rue. Elle s’est frayé un chemin jusqu’à Paris à l’adolescence et subvient à ses besoins en tant que couturière. Elle est séduite par un étudiant bachelier playboy, qui entretient leur enfant d’amour jusqu’à ce qu’il finisse ses études à Paris et l’abandonne.
Qui peut deviner combien de mères célibataires et leurs enfants sont tombés dans une pauvreté abjecte au 19ème siècle ?
Après avoir quitté Paris avec sa fille Cosette, Fantine réalise qu’elle doit se séparer de sa seule chair pour travailler. Se basant sur une première impression d’une famille qu’elle voit, elle confie Cosette aux soins des aubergistes véreux Monsieur et Madame Thérnardier et leur envoie régulièrement de l’argent presque au-dessus de ses moyens.
Mais les Thérnardier continuent de mentir et d’exiger d’autres paiements que Fantine ne peut pas faire. Elle perd son emploi à l’usine (licenciée par Jean Valjean pour avoir menti sur le fait d’avoir un enfant). Un marchand ambulant la convainc de vendre ses longs cheveux et ses deux dents de devant parfaites, ce qui donne lieu à une scène horrible après laquelle le visage de Fantine est souvent strié de sang.
Elle tombe malade et travaille comme prostituée, et est doublement méprisée pour son apparence maladive. Elle est arrêtée par Javert pour avoir agressé un prétendu John qui la nargue, mais après s’être effondrée, elle est immédiatement transportée à l’hôpital local. Mortellement malade, elle ne s’accroche à la vie que parce qu’un Jean Valjean plein de remords a promis de lui ramener Cosette. Il échoue et elle meurt sans jamais revoir sa fille adorée.
La victime : Cosette
Episode deux : Fantine (LILY COLLINS) est à la recherche d’un travail, portant Cosette (MAILOW DEFOY). Photo : Laurence Cendrowicz
(C) Lookout Point
La mère attentionnée de Cosette la laisse avec les étrangers Monsieur et Madame Thérnardier (Adeel Akhtar et Olivia Colman, lauréate de l’Oscar 2019) peu de temps après les avoir rencontrés. Cosette n’a que trois ans environ, mais pendant les cinq années suivantes, les aubergistes paresseux et cruels la maltraitent physiquement en tant que leur servante et lui fournissent à peine des vêtements suffisants ou un endroit pour dormir. Elle n’a aucune enfance en dehors de son âge. Même les clients de la taverne hurlent de rire lorsque Madame poursuit Cosette et la frappe avec une ceinture. Il n’y a rien de la comédie de la comédie musicale quand il s’agit de ces aubergistes maléfiques. La bonne nouvelle, c’est qu’elle sera finalement sauvée par Jean ValJean.
Le misérable : Javert
Episode un, de gauche à droite : Jean Valjean (DOMINIC WEST) fait face à son ennemi juré Javert (DAVID OYELOWO). Photo : Robert Viglasky
(C) Lookout Point
Javert (David Oyelowo ; Selma) est un agent de la loi solitaire et obsédé pour qui il n’y a que le bien et le mal. En tant que gardien de prison, il avoue au « Prisonnier 24601 » (Jean Valjean) qu’il est en fait né dans une prison de criminels. Se comparant à Jean Valjean, il déclare avec supériorité : « Les hommes comme nous n’ont que deux choix : s’attaquer à la société ou la garder. Vous avez choisi le premier et j’ai choisi le second. »
Il méprise Jean Valjean et est confus chaque fois qu’il voit Jean Valjean venir courageusement en aide à une personne en détresse. Ça ne colle pas dans son livre.
Javert ne croit pas à l’utilisation du jugement humain en matière de droit, il n’y a que la lettre de la loi. Alors qu’il s’élève du poste de gardien de prison à Toulon à celui d’inspecteur en chef de Paris, il ne peut tirer aucune satisfaction de ses réalisations alors que Jean Valjean est libre sous de fausses identités.
Mais Javert n’est pas un personnage ennuyeux et sec. Il est cruel et prend plaisir à faire étalage de son pouvoir sur les autres. Il est incapable de reconnaître que certaines personnes sont contraintes à un comportement criminel par les circonstances, et non par une nature méchante. Et son obsession de punir Jean Valjean aveugle sa rationalité. Alors qu’une troisième révolution s’agite dans les rues de Paris, il choisit de mettre ses officiers sur l’affaire pour trouver l’homme.
Dans une récente apparition à la BUILD Series de New York, David Oyelowo a expliqué que le comportement et les croyances de Javert sont enracinés dans la haine de soi :
« Il a un profond sentiment de dégoût de soi concernant ses origines (en prison). Une haine de l’endroit d’où il vient. Il transpose cela sur Valjean. »
À partir du 14 avril, regardez Les Misérables sur Masterpiece Sundays à 21 heures sur PBS et diffusez chaque épisode en streaming pendant deux semaines après la diffusion. Devenez membre de la station et utilisez l’avantage THIRTEEN Passport pour binge watch les six épisodes à la demande, à partir du 14 avril.
Plus de contexte sur Les Misérables
Pour un amusant cours accéléré d’histoire française qui précise quel soulèvement nous voyons dans Les Misérables (ce n’est pas la Révolution française) et insère les événements du roman dans une chronologie, lisez le court article, Non, ce n’est pas vraiment la Révolution française : Les Misérables et l’histoire par Susanne Alleyn.