Histoires de la naissance et de l’enfance de la Bienheureuse Vierge Marie

La fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, le 8 septembre, intervient exactement neuf mois après la solennité de l’Immaculée Conception, le 8 décembre. C’est en raison de la sainteté de la Bienheureuse Vierge Marie dans le sein de sa mère que l’Église célèbre son anniversaire dans sa liturgie. La seule autre nativité d’un saint célébrée liturgiquement est celle de saint Jean Baptiste qui a été sanctifié dans le sein maternel lorsqu’il s’est ému de la présence de l’enfant Jésus à naître en Marie.

La bienheureuse Vierge Marie a été préservée du péché originel dès le moment de sa conception et a persévéré tout au long de sa vie sans péché personnel. Si le pape Pie IX l’a officiellement prononcé comme un dogme de l’Église en 1854, il a été tenu dès les premiers temps.

Le protoévangile de Jacques

Si Marie était vraiment libre de tout péché dès le moment de sa conception et tout au long de sa vie comme le croient les catholiques, elle a dû avoir une enfance remarquablement sainte et pure. Le premier document qui a tenté de raconter ce qu’a dû être l’enfance de Marie a été écrit dans la seconde moitié du deuxième siècle. Bien qu’exclu du canon des Écritures, le Protoevangelium de Jacques était assez populaire dans l’Église primitive, puisque plus de 130 copies anciennes ont été découvertes. Certaines des histoires qu’il raconte ont perduré dans la tradition catholique.

En plus de refléter les histoires des évangiles canoniques et des passages de l’Ancien Testament, le document pourrait avoir préservé certaines des histoires qui circulaient oralement dans l’Église primitive. Les Pères de l’Église, bien qu’ils n’approuvent pas le texte lui-même, témoignent de certains concepts centraux approfondis par celui-ci sur Marie à la fois sans péché et toujours vierge.

Le document lui-même, également appelé le protoévangile de Jacques ou l’évangile de l’enfance de Jacques, ne fait pas autorité pour les catholiques. Certains de ses récits semblent étranges et le pape saint Gélase Ier, à la fin du Ve siècle, l’a inscrit parmi les textes à rejeter par les catholiques. Les érudits modernes n’accordent généralement pas beaucoup de crédit à son historicité, et encore moins à sa prétendue paternité par saint Jacques.

Les visions de la Bienheureuse Catherine Emmerich

Mais les visions plus détaillées de la Bienheureuse Catherine Emmerich – qui est née le 8 septembre 1774 et est morte en 1824 – racontent une chaîne d’événements très similaire dans la vie précoce de Marie à ceux du Protoevangelium de Jacques. Ces révélations privées ont été écrites plus tard par Clemens Brentano, qui était assis à son chevet, et si l’Église n’y trouve rien de contraire à la foi, elle ne les approuve pas non plus officiellement. On ne sait pas non plus dans quelle mesure Brentano, qui était également familier avec le Protoevangelium de Jacques, était fiable dans ses écrits par rapport aux paroles réelles de la bienheureuse Catherine Emmerich.

Les points principaux des histoires mises par écrit pour la première fois dans le Protoevangelium de Jacques servent à montrer que Marie n’était pas seulement vierge lorsqu’elle a conçu Jésus, mais qu’elle était toujours vierge, et de plus, toute pure devant Dieu. L’accent est mis sur le fait que rien d’impur n’a pu entrer en elle et qu’elle n’a reçu que les influences les plus pures en tant qu’enfant. La virginité était supposée faire partie de l’identité même de Marie, et Joseph, qui fut plus tard choisi comme son époux, respectait pareillement cela.

Certains des points saillants des récits sont les suivants . Les parents de Marie, dont les noms sont donnés pour la première fois dans ce texte comme Joachim et Anne, étaient vertueux mais sans enfant dans leur vieillesse. Lorsque le riche Joachim se présente au Temple avec une généreuse offrande au Seigneur, il est rejeté au motif que lui seul, parmi les justes d’Israël, n’a pas de descendance. En deuil, il s’est rendu dans le désert pour jeûner et prier pour que lui et sa femme aient un enfant. De même, sa femme Anne a ressenti le déshonneur de sa stérilité et s’est plainte de son triste état auprès du Seigneur, comme Anne, la mère autrefois stérile du prophète Samuel dans l’Ancien Testament (1 Samuel 1). Le Seigneur entendit les prières de Joachim et d’Anne et envoya des messagers angéliques à l’un puis à l’autre pour leur annoncer la naissance d’un enfant dont « on parlera dans le monde entier » et qui « le servira dans les choses saintes tous les jours de sa vie » (Protoevangelium de Jacques, 4).

Comparaison des deux textes

Anne fit le vœu de donner l’enfant au service du Seigneur. Elle donna naissance à une fille, Marie. Alors que le Protoevangelium de Jacques passe assez rapidement sur la naissance réelle de Marie, la bienheureuse Catherine Emmerich entrevoit sa signification céleste :

« Au moment où le nouveau-né reposait dans les bras de sa sainte mère Anne, je vis qu’en même temps l’enfant était présenté au ciel à la vue de la Très Sainte Trinité, et salué avec une joie indicible par toute l’armée céleste. Je compris alors qu’on lui fit connaître d’une manière surnaturelle tout son avenir avec ses joies et ses peines. Marie a été instruite de mystères infinis, et pourtant elle était et restait une enfant. Cette connaissance qui est la sienne, nous ne pouvons la comprendre, car notre connaissance se développe sur l’arbre du bien et du mal. Elle connaissait tout comme un enfant connaît le sein de sa mère et qu’il doit y boire. »

La Vie de la Bienheureuse Vierge Marie, 4.3

Selon le Protoévangile de Jacques, lorsque Marie avait six mois, Anne la posa par terre pour voir si elle pouvait se tenir debout. Lorsque l’enfant Marie fit sept pas, Anne la releva et s’exclama : « Le Seigneur mon Dieu est vivant, tu ne marcheras pas sur cette terre jusqu’à ce que je te fasse entrer dans le temple du Seigneur » (PJ, 6).

L’enfant Marie fut mise à part comme sainte, et Anne fit un sanctuaire dans sa chambre à coucher alors qu’elle n’avait que six mois et ne laissa rien d’impur entrer en elle. Elle était reconnue par les prêtres et le peuple comme étant mise à part pour Dieu et destinée à être élevée dans le Temple. Si ses parents ont d’abord envisagé de la confier au service du Temple à l’âge de deux ans, comme pour le prophète Samuel dans l’Ancien Testament, ils ont décidé d’attendre qu’elle ait trois ans.

À ce moment-là, ils l’ont livrée pour être élevée dans le Temple comme ils l’avaient juré :

« Invitez les filles des Hébreux qui ne sont pas souillées, qu’elles prennent chacune une lampe, et qu’elles se tiennent debout avec les lampes allumées, afin que l’enfant ne se retourne pas, et que son cœur ne soit pas captivé du temple du Seigneur ». Et ils firent ainsi jusqu’à ce qu’ils montent dans le temple du Seigneur. Le prêtre la reçut, la baisa et la bénit, en disant : Le Seigneur a magnifié ton nom dans toutes les générations. C’est en toi, à la fin des temps, que le Seigneur manifestera sa rédemption aux fils d’Israël. Il la déposa sur la troisième marche de l’autel, et le Seigneur Dieu envoya une grâce sur elle ; elle dansa avec ses pieds, et toute la maison d’Israël l’aima »

PJ, 7

Une Vierge du Temple

L’enfant Marie, déposée sur les marches du Temple, ne se retourna pas vers ses parents comme le ferait normalement un enfant, aussi ses parents s’en étonnèrent-ils comme d’un signe de son exceptionnelle sainteté. On nous dit que l’enfant Marie demeura dans le Temple jusqu’à l’âge de douze ans, et qu’elle fut nourrie par la main d’un ange.

Selon le Protoévangile de Jacques, lorsque Marie eut douze ans, les prêtres du Temple décidèrent qu’elle devait être donnée en mariage. Ils réunirent des veufs de la lignée de David et leur donnèrent à chacun une baguette dans laquelle ils devaient tirer au sort. Une colombe s’est envolée du bâton de Joseph et s’est posée sur lui, indiquant que Dieu avait choisi Joseph comme époux de la toujours vierge Marie. Joseph était beaucoup plus âgé que Marie et avait une sainte crainte de prendre sous sa protection la « vierge du Seigneur », mais les prêtres ont confirmé qu’il avait bien été choisi et qu’il devait prendre sa responsabilité au sérieux.

En attendant, sept vierges de la maison de David, dont Marie, ont été choisies pour tirer au sort celles qui devraient tricoter les différentes parties du voile du Temple. Le tirage au sort des fils de pourpre et d’écarlate échut à Marie pour qu’elle les tricote, et c’est pendant qu’elle travaillait à cette tâche sainte qu’elle fut approchée par l’ange Gabriel, qui lui annonça qu’elle allait être la mère du Seigneur.

Soutien historique

La plupart des spécialistes soulignent aujourd’hui le manque de preuves historiques concernant les vierges du Temple servant liturgiquement à Jérusalem. Mais il y a quelques indications dans le dossier historique qui pourraient pointer vers ce qui est décrit pour Marie et ses compagnes dans le Protoévangile de Jacques. L’Exode nous dit que les femmes compétentes d’Israël tricotaient les voiles du Temple (Exode 35, 25-26). La Mishna, premier grand recueil écrit des traditions orales juives, indique par la suite que ce rôle était confié aux vierges et laisse également entendre qu’elles avaient un rôle au Temple.

En outre, Nombres 6 a établi le vœu nazaréen, qui exigeait une sainteté de vie comme celle décrite pour l’enfant Marie dans le Protoévangile de Jacques. Cela pouvait également être pris par les femmes, et était populaire pendant la période du Second Temple (Megan Nutzman, « Marie dans le Protoevangelium de Jacques »).

Plus de détails sur l’enfance de Marie

Les visions de la bienheureuse Catherine Emmerich, telles qu’elles sont rapportées dans La Vie de la Bienheureuse Vierge Marie, nous donnent un portrait intime de ce que pouvait être la vie d’une jeune fille sans péché dans le Temple :

« Je voyais la Sainte Vierge dans le Temple, progressant toujours dans l’apprentissage, la prière et le travail. Tantôt je la voyais dans le logement des femmes avec les autres jeunes filles, tantôt seule dans sa petite chambre. Elle travaillait, tissait et tricotait d’étroites bandes de tissu sur de longues tiges pour le service du Temple. Elle lavait les tissus et nettoyait les pots et les casseroles. Je la voyais souvent en prière et en méditation. Je ne l’ai jamais vue châtier ou mortifier son corps – elle n’en avait pas besoin. Comme toutes les personnes très saintes, elle ne mangeait que pour vivre, et ne prenait aucune autre nourriture que celle qu’elle avait fait vœu de manger. Outre les prières prescrites par le Temple, les dévotions de Marie consistaient en un désir incessant de rédemption, un état perpétuel de prière intérieure, accomplie dans le calme et le secret. Dans le calme de la nuit, elle se levait de son lit et priait Dieu. Je l’ai souvent vue pleurer lors de ses prières et être entourée de rayonnement. En grandissant, j’ai toujours vu qu’elle portait une robe d’un bleu étincelant. Elle était voilée lorsqu’elle était en prière, et elle portait aussi un voile lorsqu’elle parlait avec les prêtres ou lorsqu’elle descendait dans une pièce près du Temple pour recevoir un travail ou pour remettre ce qu’elle avait fait. Il y avait des pièces de ce genre sur trois côtés du Temple ; elles m’ont toujours fait penser à des sacristies. On y gardait toutes sortes de choses que les servantes du Temple avaient le devoir de soigner, de réparer et de remplacer. »

IV

Si ces récits montrent la vie de Marie comme très sainte et mise à part conformément à sa dignité, ils nous donnent aussi un aperçu de son humanité. Bien que sans péché, Marie était et reste pleinement et uniquement humaine. Elle nous montre que ce n’est que notre expérience commune de la nature humaine déchue qui nous dit : « Pécher est seulement humain ». Dans le plan de Dieu, Marie modèle ce que saint Irénée de Lyon a enseigné :

« L’homme pleinement vivant est la gloire de Dieu. »

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Michael J. Ruszala est l’auteur de plusieurs livres religieux, dont Lives of the Saints : Volume I et Qui a créé Dieu ? A Teacher’s Guidebook for Answering Children’s Tough Questions about God. Il est titulaire d’une maîtrise en théologie &Ministère chrétien de l’Université franciscaine de Steubenville. Michael est associé pastoral pour la formation de la foi &évangélisation à la paroisse St Leo the Great à Amherst, New York, directeur musical &organiste à la paroisse St Teresa à Buffalo, et conférencier adjoint en études religieuses à l’Université Niagara à Lewiston, New York. Il vit près de Buffalo avec sa femme Kate et son jeune fils Joseph. Pour plus d’informations sur Michael et ses livres, visitez michaeljruszala.com.

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